Le dispositif devrait être généralisé à tous les collèges de France à partir de janvier 2025. Image : Getty

En cette rentrée scolaire 2024, plus de 50 000 collégiens répartis dans plus de 200 établissements scolaires en France vont expérimenter la nouvelle « pause numérique ». Annoncée par la ministre démissionnaire de l’Éducation Nationale Nicole Belloubet lors de sa conférence de presse de rentrée le 27 août 2024, cette « pause numérique » consiste en l’interdiction totale des téléphones portables dans l’enceinte des collèges. A la suite de cette expérimentation, le dispositif devrait ensuite être généralisé à tous les collèges de France en janvier 2025.

Cette expérimentation fait suite aux recommandations de la commission écrans, qui suite à une commande d’Emmanuel Macron en janvier 2024, avait délivré en mai un rapport qui s’intitule « A la recherche du temps perdu ». Les experts recommandaient alors de limiter l’accès aux réseaux sociaux des jeunes jusqu’à leur 15 ans.

Sur son site internet, le ministère de l’Éducation nationale estime que la « pause numérique » doit permettre d’améliorer le « climat scolaire, auquel l’usage des téléphones portables peut nuire en rendant possible le développement de violences (harcèlement en ligne, diffusion d’images violentes) ». Le second objectif est d’améliorer « les résultats des élèves » car « l’utilisation du téléphone » a « un effet déterminant sur la capacité de concentration en classe et l’acquisition des connaissances ».

« On va subir […] des jeunes démotivés avec ou sans leur portable »

Pour rappel, depuis 2018, le téléphone portable est déjà interdit au sein des établissements scolaires en France. En revanche, il pouvait jusqu’à aujourd’hui rester éteint au fond du sac. Désormais, l’appareil devra être déposé dans un casier le matin pour n’être récupéré que le soir. Cela demandera donc une nouvelle organisation pour les établissements scolaire, ce qui inquiète Isabelle Bégin interrogée par France bleu. Pour la secrétaire académique du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale), les établissements vont devoir « prévoir un temps le matin pour déposer les téléphones et le soir pour les récupérer et des adultes pour veiller à ce que tout se passe bien. Parce qu’en cas de dégradation, il ne faudrait pas que la responsabilité de l’établissement soit engagée. »

D’autres considèrent que cette mesure n’est absolument pas une priorité alors que cette rentrée scolaire se déroule dans un contexte d’incertitude. « La rentrée va-t-elle se faire avec une ministre démissionnaire ? », interroge ainsi Pascal Andrieux, secrétaire départemental de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) dans l’Aube sur France 3. Pour ce dernier, l’interdiction du téléphone portable est « une mesure démagogique pour endormir les parents, et un nouveau casse-tête pour les CPE qui vont certainement être chargés d’appliquer le retrait des portables. En tout cas on va subir des suppressions de postes, des classes surchargées et des jeunes démotivés, avec ou sans leur portable. »