« Les élèves se sentent bien à ses côtés. Ils ont l’impression d’avoir un ami » : les premiers effets positifs de la venue de Volt dans le collège. Image : Getty

Adopter un chien pour le faire évoluer dans un établissement scolaire, c’est le projet mené par le collège Aliénor d’Aquitaine à Château-d’Oléron en Charente-Maritime. « Notre collège fonctionne beaucoup par pédagogie de projets car on apprend souvent mieux sur le terrain. Lors de sorties au contact des animaux, notamment de chiens de médiation, nous avons constaté les bienfaits sur les élèves : apaisement, bien-être, ouverture aux autres… C’est comme ça que l’idée est née », se souvient Marine Lescarret, professeure de SVT à l’origine du projet.
Certains établissements scolaires accueillent déjà des animaux mais il s’agit souvent de chiens d’assistance de l’association Handi’Chiens. Ici l’originalité du projet tient aussi à la provenance du chien. L’équipe pédagogique a choisi de prendre un chiot abandonné et recueilli dans le refuge local « Les amis des bêtes ». « C’est une manière de sensibiliser les enfants à l’abandon des animaux. On croit beaucoup à l’égalité des chances et on a trouvé que c’était un beau parallèle », ajoute Marine Lescarret. Avec l’aide du refuge, l’équipe a choisi le profil qui correspondait le plus au milieu scolaire et au projet. Volt, c’est son nom, est un chiot probablement croisé labrador et beagle. Il est extrêmement calme, très sociable et jeune. Un critère important car il est plus facile d’habituer un chiot à ce nouvel environnement bruyant.

Une intégration en douceur

Pas question pour autant de mettre Volt trop rapidement au contact des enfants. Depuis le début du projet en mai 2024, la présidente du refuge qui est aussi éducatrice canine expose le chiot à un maximum de situations différentes. Cet été, il a passé du temps avec l’éducatrice et Marine Lescarret, sa référente au sein du collège et en dehors de celui-ci. En septembre, Volt, du haut de ses 8 mois, a participé à la journée de rentrée des 6ème. « C’était plus facile pour l’habituer en douceur », ajoute la professeure de SVT. Deux semaines après, Volt est revenu. Désormais, il est là tous les jours. De quoi l’habituer à entendre la sonnerie, à découvrir les lieux, à interagir avec les collégiens… Pour l’instant, il passe les récrés avec un petit groupe de trois à quatre élèves seulement dans une petite cour. Ce groupe change à chaque récré pour qu’il fasse connaissance avec chacun en petit nombre et que les élèves aient un temps privilégié avec lui. « Ils sont très bienveillants envers lui. Ils veulent qu’il se sente bien. Une fois, Volt s’était endormi au CDI. Une classe était présente et naturellement, les collégiens ont fait silence pour pour qu’il puisse continuer à dormir », relate Marine Lescarret.

Un vrai intérêt pour les élèves

La présence de Volt au sein du collège revêt plusieurs atouts. Les élèves les plus introvertis prennent confiance en eux et s’expriment davantage. Ceux plus agités s’apaisent. « Les élèves se sentent bien à ses côtés. Ils ont l’impression d’avoir un ami. C’est une présence rassurante pour eux et ça leur donne envie de venir au collège », confie la professeure de SVT. Une manière donc de lutter contre le décrochage scolaire.
Au fil du temps, Volt va prendre part à davantage d’activités avec les collégiens. Dans quelques temps, il participera aux séances de soutien pour encourager les élèves à y aller. Les enfants devront aussi lui faire la lecture quand il sera plus âgé et restera plus longtemps en place. « Le chien ne juge pas. Et c’est encourageant pour eux. Aux États-Unis et au Canada, ce type d’expérience a démontré un impact positif sur  l’absentéisme et le décrochage scolaire. La présence du chien permet de créer un lien positif avec le collège et entre les jeunes », ajoute Marine Lescarret.
Quand Volt aura fini sa croissance, il pourra aussi courir à coté des élèves lors du cross de l’établissement pour les encourager et favoriser leur mobilité. L’éducatrice canine va former les élèves pour leur apprendre à décoder les comportements du chien. Les projets ne manquent pas… Reste à trouver des fonds pour l’an prochain. La campagne de financement participatif lancée il y a quelques mois est close et a permis de récolter 4000€ grâce à la générosité des parents d’élèves, de particuliers et d’entreprises. Un budget qui couvre les frais de vétérinaire, le suivi par l’éducatrice canine, la nourriture… Le budget nécessaire pour la suite de l’aventure sera moins élevé mais permettra de développer pleinement le projet.