Deux heures d’activité physique et sportive supplémentaires ont été expérimentées dans 167 collèges de France sur l’année 2022-2023 et 700 collèges sur l’année 2023-2024.
Cette expérimentation, à l’initiative du ministère de l’Éducation nationale, s’inscrivait dans une démarche nationale de promotion de la santé et du bien-être, en lien avec les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Elle devait être étendue aux 7000 collèges de France d’ici 2026.
Lors de la première année d’expérimentation, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) a publié les résultats de la mise en place du dispositif : « une majorité des collégiens déclaraient ressentir une amélioration de leur santé (72 %), de leur condition physique (70 %), de leur confiance en eux (66 %) et de leur intégration au sein de leur groupe de pairs (61 %). »
Malheureusement, les deux heures de sport supplémentaires par semaine au collège vont devoir être abandonnées, indique le ministère de l’Education nationale dans le Bulletin Officiel du jeudi 7 novembre 2024 : « le dispositif est perçu encore comme complexe à mettre en œuvre et sa généralisation à l’ensemble des 7 000 collèges n’apparaît pas soutenable. »
Le ministère a donc décidé de « recentrer ce dispositif, gratuit pour les familles, sur les seuls collèges classés en REP/REP+, territoires où le taux de licence est le plus faible. »
Les capacités physiques des jeunes en déclin
L’abandon de ce dispositif intervient alors que les jeunes souffrent de plus en plus de sédentarité. Le collectif Pour une France en forme, qui rassemble des experts pour lutter contre la sédentarité, publiait ainsi en février 2023 une étude évaluant la forme physique moyenne des jeunes. Et sur les 6 321 collégiens de 6e étudiés, les résultats sont alarmants. Ils confirment une baisse importante de la capacité physique des enfants et adolescents depuis trente-cinq ans. Pour le professeur en physiologie cardio-vasculaire François Carré, ayant évalué la capacité physique des collégiens, “les chiffres sont très mauvais, car au minimum la capacité physique devrait rester stable. Aujourd’hui, un sujet de 65 ans qui est actif, sans être sportif, ferait mieux que les jeunes”.
Enfin, une étude relayée par la Fédération Française de Cardiologie (FFC), estime qu’en 40 ans, les jeunes ont perdu 25% de leurs capacités cardio-vasculaires ! Selon le Dr François Paillard, cardiologue au CHU de Rennes et vice-président de la FFC, ce chiffre est davantage lié à une diminution des activités physiques au quotidien qu’à l’abandon du sport. « Les clubs de sport sont toujours fréquentés. Mais il y a 40 ans, beaucoup d’élèves allaient à l’école à pied ou à vélo. C’est moins le cas aujourd’hui pour des raisons de sécurité, d’augmentation de la mécanisation… Il y a moins d’activités physiques ludiques (cache-cache, 123 soleil…) alors qu’il y a une progression considérable des jeux sur écran et donc de la sédentarité », analyse le médecin. Cette inactivité favorise une tendance au surpoids, à l’obésité, à l’hypertension… A terme, notamment à l’âge adulte, ce sont des vecteurs de diabète et de maladies cardio-vasculaires. Le cardiologue ajoute que cela « s’accompagne d’une fatigabilité à l’effort, d’une moins bonne endurance ».
Mais les deux heures de sport en plus au collège étaient-elles vraiment la solution ? Le secrétaire général du SNEP-FSU Benoît Hubert estimait dans une interview accordée à Ouest France le 26 avril dernier que les vraies bonnes mesures seraient de renforcer les heures d’EPS, en les passant à 4h par semaine du CP à la terminale, et non pas d’ajouter des heures, non obligatoires, non dispensées par les professeurs d’EPS et hors programme, comme c’est le cas dans le dispositif des deux heures supplémentaires.
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