À l’occasion de la 25e rencontres des chercheurs en didactique des littératures, l’INSPE de l’académie de Paris a mis en place, du 16 au 18 octobre 2024, trois jours d’ateliers mettant en lumière les défis que pose l’enseignement des genres littéraires dans le second degré. Focus sur le théâtre, la science-fiction et la poésie contemporaine. Mais aussi les approches pédagogiques à inventer pour stimuler la sensibilité et l’esprit critique des élèves.
Théâtre : dépasser les idées reçues pour mieux enseigner
L’enseignement du théâtre au secondaire est souvent perçu comme complexe, alliant texte littéraire et mise en scène. Corinne Frassetti Pecques, chercheuse en didactique, a souligné lors de l’atelier – Enseigner le théâtre : s’affranchir des idées reçues– l’importance de déconstruire certaines idées reçues qui freinent son apprentissage.
Elle rappelle qu’il est fréquent d’utiliser le théâtre comme un simple outil au service d’autres objectifs (gestion de classe, cohésion de groupe), au lieu de l’enseigner pour lui-même, comme un genre littéraire à part entière.
Science-fiction : un genre littéraire toujours en quête de légitimité
Philippe Clermont a de son côté analysé la place de la science-fiction dans l’enseignement secondaire. Peu représentée dans les programmes scolaires, la S-F reste pourtant un genre qui pourrait susciter un véritable intérêt chez les élèves.
Il retrace dans son intervention les débuts limités de l’enseignement de la science-fiction, entre enseigner ce genre pour lui-même ou l’utiliser comme support pour d’autres apprentissages en lettres. Bien que la S-F soit parfois utilisée pour aborder des questions scientifiques ou philosophiques, elle souffre encore aujourd’hui d’un manque de reconnaissance comme genre littéraire « légitime ».
Philippe Clermont appelle ainsi à une meilleure intégration de la science-fiction dans les programmes. Il souligne l’importance de permettre aux élèves de découvrir et d’analyser ce genre en tant que tel pour ses spécificités littéraires et thématiques.
Poésie contemporaine : une expérience sensible à vivre en classe
Enfin, Valérie Michelet, Chloé Gabathuler et Francine Fallenbacher-Clavien ont présenté une recherche-action sur l’enseignement de la poésie contemporaine. Leur objectif : proposer une approche « sensible » qui place la voix et le corps au centre de l’apprentissage poétique. Au-delà de la simple analyse du texte, cette approche novatrice invite les élèves à performer la poésie, à l’incarner et à la vivre. Au programme : ateliers d’écriture, performances orales et créations de vidéo-poèmes. Ces dispositifs permettent aux élèves de s’engager pleinement dans l’univers poétique, tout en stimulant leur créativité.
Testée dans plusieurs classes, cette méthode a montré des résultats encourageants. Elle permet notamment d’impliquer davantage les élèves, souvent réticents à la poésie, en les transformant en « acteurs ». Toutefois, cette approche s’oppose à l’organisation scolaire « classique », qui laisse en général peu de place à des projets immersifs et longs. Les enseignantes-chercheuses insistent donc sur la nécessité de former les professeurs à cette démarche sensible, afin qu’ils puissent eux aussi s’approprier ces nouvelles pratiques et les adapter lors des séances en classe.
Ces trois interventions montrent ainsi à quel point il est crucial de réinventer l’enseignement et la didactique de la littérature pour mieux répondre aux attentes des élèves d’aujourd’hui.
Qu’il s’agisse de théâtre, de science-fiction ou de poésie contemporaine, les enseignants sont invités à explorer des approches plus ouvertes, sensibles et créatives, pour transmettre la littérature à leurs élèves.
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