Les micro-structures s’adressent aux jeunes de 13 à 25 ans, déscolarisés pour diverses raisons. Image : Getty

Depuis quelques années, les micro-structures (micro-collèges et micro-lycées) se développent en France dans de nombreuses académies. Elles s’adressent aux jeunes de 13 à 25 ans, déscolarisés pour diverses raisons (difficultés scolaires, problème de santé, situation familiale délicate, harcèlement, phobie scolaire…) et qui souhaitent reprendre leurs études secondaires. Certaines sont ouvertes aussi aux absentéistes ou à ceux en voie de rupture scolaire. L’objectif de ces micro-structures ? Redonner à ces jeunes le goût de l’école et des apprentissages, permettre leur retour à la scolarisation, l’obtention d’un diplôme et faciliter leur orientation. Ces jeunes, admis après étude de dossier, peuvent ainsi intégrer un micro-collège ou un micro-lycée, rattaché à un établissement classique, dans une filière générale, technologique ou professionnelle.

Un accompagnement sur-mesure

Ces structures de retour à l’école (SRE) présentent quelques variantes selon les établissements mais généralement elles accueillent de petits effectifs (15 à 20 jeunes par classe) pour favoriser la proximité, entre eux et avec l’équipe éducative, et permettre un accompagnement personnalisé. Chaque micro-structure est coordonnée par un enseignant recruté sur profil, un AED (assistant d’éducation) qui assiste le coordonnateur et assure, à ses côtés, le suivi des élèves. Des enseignants volontaires qui exercent en collège ou lycée classique y effectuent aussi des heures supplémentaires. L’équipe éducative évalue les compétences, expériences et le parcours de chacun. Elle établit un emploi du temps individualisé en fonction des besoins de chaque élève et une remise à niveau dans les matières fondamentales. « Au-delà des enseignements disciplinaires, l’équipe éducative  travaille avec le jeune sur la projection et l’orientation l’année d’après », explique Jean-Yves Bessol, inspecteur d’académie, directeur académique des services de l’Éducation nationale (IA-DASEN) des Bouches-du-Rhône. L’élève peut aller en classe ordinaire dans les matières où il est à l’aise et intégrer le petit groupe de la micro-structure sur d’autres disciplines.

Les bâtiments, bien que rattachés à un établissement classique, sont dédiés à ces jeunes et disposent parfois d’un internat. Selon les établissements, les jeunes peuvent disposer de leur propre salle de cours, de leur salle de repos, d’informatique, de leur cour de récréation…

Un fonctionnement à part

Les micro-structures font preuve de souplesse et d’adaptabilité. Les jeunes peuvent s’éclipser des cours s’ils ont besoin de s’apaiser ou de parler. Ils peuvent circuler librement en classe aussi. Ce n’est pas l’enseignant qui impose un rythme, il suit celui des élèves. Les emplois du temps sont adaptés, les notes sont parfois remplacées par un carnet de compétences ou des codes couleurs… De quoi restreindre la pression et reprendre confiance en soi. Les professeurs, eux, sont particulièrement dévoués. « J’ai des enseignants qui vont jusqu’à téléphoner au jeune le matin à 6h pour s’assurer qu’il est réveillé… Il y a un très gros soutien éducatif », constate l’inspecteur d’académie des Bouches-du-Rhône. Ici, les micro-structures connaissent un déploiement très massif depuis deux ans. Vingtmicro-structures ont ouvert leurs portes à Marseille à la rentrée 2022 pour accueillir 150 élèves dans les dix micro-collèges et 300 dans les dix micro-lycées, principalement des lycées professionnels (la majorité des microstructures françaises sont plutôt des lycées d’enseignement général et technologique). « Dans le cadre de la mise en œuvre du plan « Marseille en grand »,on était à la recherche d’opérations à caractère innovant. Il n’y avait pas plus de décrocheurs ici qu’ailleurs mais il y avait la volonté de faire baisser ces chiffres. Le recteur de l’époque, M. Beignier, avait déjà vu fonctionner des micro-structures, notamment dans l’académie d’Amiens, pas forcément sous cette forme, mais il a souhaité s’en inspirer car ces dispositifs donnaient des résultats », se rappelle Jean-Yves Bessol. A la rentrée 2024, trente nouvelles micro-structures ont ouvert leurs portes, portant à 55 le nombre de micro-structures sur l’académie.

Des thématiques dans certaines micro-structures

Chaque établissement élabore un projet pédagogique propre. Généralement, en plus des cours, les élèves pratiquent des activités sportives et culturelles pour les motiver à venir quotidiennement dans le micro-collège ou le micro-lycée. Les nouveaux micro-collèges de Marseille, par exemple, sont basés sur les arts, la culture, l’architecture, les sports de glisse… Cette année, une micro-structure est même hébergée au sein du Mucem, le premier musée national à accueillir des jeunes souffrant de phobie scolaire. Contrairement à d’autres académies, dans les Bouches-du-Rhône, les micro-structures accueillent les jeunes pour une année seulement. « Ça peut paraître ambitieux car d’autres micro-structures accompagnent plutôt sur deux ans en 1ère et Terminale. Mais quand on a deux ou trois ans devant soi, on a parfois tendance à aller moins vite ou à être moins présent », explique Jean-Yves Bessol.

D’une micro-structure à une autre, on ne trouve pas toujours les mêmes spécialités et filières. Dans le micro-lycée de Talence, en Gironde, par exemple, on peut préparer un bac STMG. Dans Le micro-lycée de Saint-Quentin dans l’académie d’Amiens, on peut préparer le concours de gendarme adjoint volontaire (GAV) et d’agent de police judiciaire adjoint (APJA) ou bien encore un Bac pro commerce. Dans les Bouches-du-Rhône, une première promotion de sept élèves vient de décrocher son permis de conduire grâce au micro-lycée professionnel La Floride.

Des résultats réels

Tous ces établissements présentent des résultats très positifs, même si Jean-Yves Bessol compte au moins deux à trois abandons par an par micro-structure. Dans les Bouches-du-Rhône, les élèves ont obtenu des taux de réussite par micro-structure qui correspondent à peu près à la moyenne départementale : environ 80 % de réussite au DNB, 70% au bac pro et entre 80 et 85 % au bac général ou technologique. La première génération des élèves sortis de ces micro-structures a reçu officiellement ses diplômes. Un moment riche en émotions. « Ça fait plus de vingt ans que je suis IA, j’avais rarement vu un moment comme ça. Il y a eu beaucoup d’émotions notamment quand ces jeunes ont remercié leurs enseignants », se souvient Jean-Yves Bessol.

Ces résultats encourageants pourraient conduire d’autres établissements à s’inspirer de ces pratiques, comme le révélait Philippe Delignières, coordonnateur des micro-collèges et micro-lycées de l’Académie d’Amiens, au micro de France Inter le 24 juillet 2024 : « Les équipes d’Amiens, entre autres, ont un projet de recherche à caractère national avec l’Institut français de l’éducation pour porter regard sur ces pratiques particulières ; cette prise en charge globale des jeunes qui fait évoluer l’identité professionnelle des collègues qui s’investissent dans ces structures et pour voir en quoi cette spécificité de prise en charge peut profiter au plus grand nombre, dans des structures plus classiques », indiquait-il.