Pour l’APPEP, en philosophie, « les élèves doivent être « protégés de la tentation de recourir à l’IA et obligés de réfléchir par eux-mêmes ». Image : Getty

L’association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (APPEP) publie un communiqué intitulé « Prompter n’est pas penser ». L’association tire la sonnette d’alarme sur l’utilisation de l’intelligence artificielle au lycée : « les professeurs de philosophie sont presque systématiquement contraints de renoncer à toute évaluation de devoirs faits à la maison ».

En effet, avec les progrès de l’IA, dans une copie entièrement rédigée par elle, « la source est désormais indétectable. » Or, « l’exercice de la pensée ne se délègue pas à une machine », et « il reste à penser avec sérieux et sans démagogie les limites des usages légitimes [de l’IA]. »

Un hymne à l’intelligence artificielle

L’APPEP déplore que le gouvernement n’aille pas dans ce sens, avec les récentes déclarations de la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne lors du sommet sur l’IA. La ministre a en effet annoncé que dès septembre 2025, les collégiens et lycéens bénéficieront, sur la plateforme Pix, d’un module de formation en ligne dédié à l’intelligence artificielle, avec des sessions obligatoires pour les élèves de 4ᵉ et de seconde. Cet outil évaluera « les connaissances et les compétences en IA de l’élève, puis proposera un programme personnalisé de formation avec des modules sur des thématiques précises ». La formation durera entre 30 minutes et 1h30.  Par ailleurs, la ministre a annoncé que des formations seront prévues pour les enseignants. La quasi-totalité des « lycéens et des étudiants utilisent régulièrement l’IA », mais « moins de 20% des professeurs s’en saisissent régulièrement dans leur pratique professionnelle » note ainsi le ministère de l’Education nationale.

Pour l’association des professeurs de philosophe, « la tonalité commune [de ces annonces] est celle d’un hymne à l’intelligence artificielle, outil prétendument neutre, forcément bénéfique à qui sait s’en servir et auquel on promet des largesses budgétaires. »

Ce n’est plus de la tricherie

L’APPEP alerte sur le fait que les mesures annoncées risquent de mettre nombre d’enseignants dans l’embarras. En effet, elles vont dans le sens d’ « approuver par principe le recours à l’IA dans le travail des élèves », ce qui revient à « nier a priori que cela puisse relever de la tricherie. »

Ces mesures sont par ailleurs contraires à l’apprentissage de « l’autonomie intellectuelle, » qui est « le sens même de l’école » et « au premier chef celui de la philosophie. » Les élèves doivent être « protégés de la tentation de recourir à l’IA et obligés de réfléchir par eux-mêmes ». L’association en appelle donc au ministère de l’Education nationale et aux corps d’inspection de philosophie et réclame entre autres la publication d' »une circulaire qui enjoigne aux chefs d’établissement de prévoir dans les emplois du temps des créneaux de 4 heures pour l’organisation de devoirs sur table. »