Grâce au dispositif MOREA, des lycéens qui ont échoué au bac ont la possibilité d’être accompagnés pour le repasser. Image : Getty

A qui s’adresse le dispositif MOREA ?

C’est une action financée par la Mission de Lutte contre Le Décrochage Scolaire. Elle s’adresse aux jeunes qui ont échoué deux fois au baccalauréat général ou technologique ou une fois au baccalauréat professionnel ou au CAP. Toutefois, dans l’académie de Créteil, il n’y a pas de re-préparation pour le CAP.

Les jeunes sont-ils systématiquement repérés et contactés ?

Oui, quand le lycéen échoue au Bac, il est contacté pour réaliser un entretien de situation. Comme cet échec est souvent un peu violent pour le jeune, cet entretien est parfois reporté en septembre. Souvent, il ne veut plus entendre parler de l’école mais l’entretien permet de faire le point sur ses envies et de lui expliquer qu’il peut se rapprocher de la mission locale ou de France Travail s’il souhaite travailler. Nous lui parlons de la validation des acquis de l’expérience (VAE) toujours possible plus tard. Nous lui présentons aussi le dispositif MOREA s’il désire repasser l’examen en étant accompagné différemment. Cette décision est une démarche volontaire car elle exige un véritable engagement et de la persévérance de la part du jeune.

Comment les lycéens sont-ils accompagnés ?

Cette année, au sein du lycée Jean Renoir qui re-prépare au Bac général dans notre département, nous avons pu prendre 26 jeunes sur 58 candidats. C’est un peu dur de devoir en refuser faute de budget suffisant mais cette sélection est nécessaire pour les accueillir en petit groupe, avec bienveillance et les accompagner au plus près. Leurs enseignants sont recrutés sur entretien, formés au tutorat, et ont souvent été touchés par des jeunes en situation de décrochage scolaire. Ils ont la fibre.

L’emploi du temps des jeunes est-il allégé ?

Il est assez semblable à celui des autres lycéens hormis le fait qu’ils n’ont que 4 heures d’enseignement par spécialité au lieu de six, mais il ne faut pas oublier qu’ils ont déjà vu le programme pendant deux ans. Même s’ils sont fragilisés par leur parcours compliqué, ces jeunes ont des acquis, ils ne partent pas de rien. L’action du lycée Renoir, qui regroupe toutes les spécialités du Bac général, dispose d’un budget variable, estimé chaque année autour de 1 000 HSE (heures supplémentaires effectives, Ndr). Ces heures sont réparties différemment chaque année en fonction des élèves inscrits. C’est du sur-mesure. Cette année, par exemple, nous n’avons pas d’élèves avec la spécialité HLP (Humanités, Littérature et Philosophie, Ndlr). Les lycéens doivent repasser tout leur contrôle continu, l’épreuve de français de 1ère et les spécialités dont celle abandonnée en 1ère. S’ils ont eu des notes supérieures à la moyenne aux épreuves terminales du Bac l’an dernier, elles sont conservées, sinon ils les repassent en même temps que les autres candidats.

Quels sont les taux de réussite ?

L’an denier, nous avions 26 jeunes dans le dispositif MOREA, deux ont abandonné en cours d’année (comme cette année). Ceux qui se sont présentés au Bac l’ont tous eu. Nous maternons vraiment ces jeunes et nous insistons sur l’importance de l’assiduité aux cours. Ce n’est pas simple car ils sont très cabossés par la vie. Mais s’ils viennent en cours et fournissent du travail, ils ont toutes les chances de réussir.

Que font les jeunes après l’obtention de leur diplôme ?

Très souvent, ils poursuivent leurs études. L’an dernier, ils ont tous obtenu une formation sur Parcoursup. Il faut dire que nous les accompagnons tout au long de l’année à raison de deux heures par semaine pour leur apprendre à se projeter, à se voir dans 20 ans, à travailler leur relation aux autres, leurs compétences psychosociales, à rédiger leurs lettres de motivation sur Parcoursup… Ils réalisent aussi avec leur référente, Patricia Mesrop, leur journal des apprentissages. Chaque semaine, ils écrivent dans un carnet spécifique ce qu’ils ont appris, les difficultés rencontrées, les réussites. Ils peuvent en partager des passages à l’oral avec leur groupe.

Ils ont aussi la possibilité de faire un service civique pendant le dispositif ?

Oui, sur les 24 élèves qui poursuivent MOREA, 8 font un service civique au sein de notre lycée. Ils sont chargés d’animer la maison des lycéens grâce à des tournois, des débats philo… Ça les oblige à être assidus.

Quel bilan tirez-vous de MOREA ?

C’est un gros coup de pouce, un levier pour ces jeunes. Le groupe de cette année est très soudé et travaille beaucoup ensemble. Nous réalisons un vrai travail d’accompagnement, nous aidons les élèves à développer des compétences psychosociales et à prendre soin d’eux. L’équipe pédagogique fait tout son possible pour les réconcilier avec l’école car c’est la dernière année qu’ils y passent. La prochaine fois qu’ils y retourneront, ce sera sûrement en tant que parents et ce serait dommage qu’ils y accompagnent leur enfant à reculons. Là nous plantons une graine pour l’avenir.