Valérie Hermenault, formatrice Canopé. nous explique comment favoriser une bonne mémorisation des connaissances. Image : Getty

Le 26 mars 2025, avec votre collègue Vincent Robert, vous avez animé une formation intitulée « Apprendre à mémoriser ». De quoi s’agit-il ?

C’est une formation que nous avons conçue tous les deux. C’est la première fois que nous la présentions mais nous avons l’intention de la renouveler, en présentiel et peut-être aussi en webinaire après adaptation, car elle a trouvé son public. Elle a été présentée à des enseignants de primaire dans l’objectif de leur donner des bases sur la mémorisation et des conseils pour la favoriser. Même si les enseignants ont des notions sur le sujet, on observe des erreurs classiques en classe.

Lesquelles ?

Généralement, à la fin d’une séquence ou d’un chapitre, l’enseignant évalue les élèves puis passe à un autre sujet. Le professeur se sent obligé d’aller assez vite pour avancer dans son programme mais les enfants n’ont pas le temps de tout mémoriser. Or pour bien s’ancrer dans la mémoire, les informations ont besoin d’être revues régulièrement. Il est finalement préférable d’apprendre seulement une partie de la notion, de passer à autre chose, puis d’y revenir un peu plus tard plutôt que de tout apprendre d’un coup sur un sujet.

Votre formation revient sur les différentes formes de mémorisation, quelles sont-elles ?

La mémorisation se fait par étapes. L’attention est la première entrée nécessaire pour mémoriser. Quand une information est captée, elle parcourt différents endroits dans le cerveau et suit des étapes  dépendantes les unes des autres. L’information est d’abord captée par les sens (vue, ouïe, toucher…) et rejoint la mémoire sensorielle. La plupart de ces informations sont saisies sans y prêter attention et ne sont donc pas conservées. Ensuite, l’information arrive dans la mémoire de travail et est conservée le temps de procéder à la tâche désirée. Nous gardons par exemple en mémoire quelques secondes un numéro de téléphone pour le composer. Si l’information nécessite d’être retenue plus longtemps, elle s’ancre alors dans la mémoire à long terme. C’est elle qui nous permet de comprendre le sens des mots, d’avoir une culture générale (mémoire sémantique), de nous souvenir d’événements personnels, de notre propre expérience (mémoire épisodique) ou bien encore de savoir comment aller au travail de manière quasi automatique (mémoire procédurale). Un neuromythe véhicule l’idée que seule la mémoire visuelle compte mais c’est faux. Le meilleur moyen de mémoriser, c’est de conjuguer plusieurs sens.

Quelles sont les limites de ces mémoires ?

La mémoire de travail est limitée dans sa capacité d’accueil. Elle peut retenir quatre à sept informations seulement. Un des moyens de contourner cette limite est d’assembler les éléments. Par exemple, pour un numéro de téléphone, on n’apprend pas les dix numéros mais on les regroupe deux par deux. Cette mémoire est aussi restreinte dans le temps, à quelques minutes.
La mémoire à long terme, elle, est illimitée dans le temps et dans sa contenance. On peut apprendre autant d’informations qu’on le désire, mais encore faut-il réussir à ce que l’information parvienne jusqu’à cette mémoire et y reste.

De quelle manière les enseignants peuvent-ils tirer profit de ces connaissances pour leurs cours ?

La mémoire sémantique est importante pour apprendre car l’acquisition des nouvelles informations s’appuie sur les anciennes qui s’y trouvent. Avant de commencer une nouvelle séquence, l’enseignant peut par exemple demander aux enfants ce qu’ils savent sur ce sujet ou ce qu’ils en pensent. L’enseignement fera alors écho à leurs connaissances ou à leurs interrogations et cela les aidera à mémoriser. Il faut également revenir régulièrement sur ce qui a été vu et amener les élèves à se demander au début de la journée ce qu’ils ont appris la veille et à la fin de la journée à récapituler ce qu’ils ont fait. La mémorisation fonctionne mieux aussi quand les enfants sont actifs. L’enseignant peut leur faire fabriquer des cocottes en papier contenant des questions et des réponses, leur faire réaliser des flashcards manuelles ou avec l’ordinateur. L’enfant se demande alors ce qu’il a vu en cours et réfléchit aux questions qu’il pourrait se poser. Il fait le lien avec ce qu’il a appris. L’enseignant peut aussi donner un problème résolu avec la méthode appliquée, les élèves seront plus concentrés sur l’apprentissage car ils auront compris le mécanisme.

Vous proposez des outils complémentaires pour mieux mémoriser. Pouvez-vous nous en partager quelques-uns ?

Oui, pour mémoriser grâce à la musique, nous suggérons par exemple studytracks. Cette application propose des chansons qui portent sur des leçons du programme officiel. Il y a aussi Vocaroo qui permet d’enregistrer avec les élèves une chanson sur un cours. Il est aussi possible de faire un sketchnote de la leçon (une prise de notes créative qui associe dessin et écriture, Ndlr) ou de mettre des languettes de post-it à certains endroits dans le cahier de l’élève. La question est écrite sur la languette et la réponse se trouve en-dessous, l’élève peut ainsi s’interroger.

Une question sur les prochaines dates de formation, les ressources, les interventions Canopé sur ce thème ? Vous pouvez contacter Valérie Hermenault via son e-mail :  valerie.hermenault@reseau-canope.fr